Nous qui connaissions la situation difficile des enfants placés par l’Assistance publique, pardon aujourd’hui il faut dire l’ASE (Aide Sociale à l’enfance gérée par les départements, prononcez azeu) nous nous sommes presque réjouis de la nomination d’un ministre (enfin d’un secrétaire d’État) Adrien Taquet qui tenterait d’unifier le n’importe quoi de cette politique auprès des jeunes.
Le 25 janvier 2019 « pour tous les militants de la protection de l'enfance, cette nomination est une victoire » nous disait Lyes Louffok1, membre du Conseil national de la protection de l'enfance.
Mais le jour où la proposition de loi visant à renforcer l’accompagnement des jeunes majeurs vulnérables vers l’autonomie, arrive devant l’assemblée, Adrien Taquet et Brigitte Bourguignon (co-auteurs de cette loi) proposent un amendement à l’article 1, au nom du gouvernement, qui est voté comme un seul homme par les députés En marche le 7 mai 2019.
L’article 1 de la loi prévoyait d’obliger les départements à prendre en charge les enfants placés à l’aide sociale à l’enfance, jusqu’à leurs 21 ans, par le biais d’un contrat jeune majeur pour éviter toutes « sorties sèches » du dispositif de protection le jour de leur dix-huitième anniversaire. Ce n’est plus le cas puisque l’article premier du texte a été réécrit dans son intégralité.
Les député∙e∙s ont préféré proposer un nouveau contrat d’accès à l’autonomie facultatif, et surtout, ils excluent une très grande partie de jeunes en exigeant au moins 18 mois de prise en charge avant le dix-huitième anniversaire. Les premiers visés seront les jeunes étrangers pris en charge après leurs 16 ans.
Et voilà la pirouette, Macron et son gouvernement s’en prennent encore une fois aux jeunes étrangers qui demandent la protection de la France, ceux que l’administration appelle les MNA (Mineurs Non Accompagnés). Il y avait déjà ceux que l’ASE refusait de prendre en charge sous prétexte de tests osseux falacieux, et maintenant ceux qui ont été accueillis ne seront aidés que jusqu’au jour de leur 18 ans.
« Oui c’est vrai ce sont des étrangers », nous dit-on
mais ce sont des enfants, des enfants …
Le gouvernement a choisi : pas d’aide pour eux.
"Colère, rage, écœurement, sentiment de trahison… Les mots ne seront jamais assez forts pour décrire ce que nous avons vécu lors du vote d’une proposition de loi que nous avions pourtant soutenue », témoigne Lyés Louffok.
Que dire d’autres : je suis désolé pour tous les Faly, Plaveen, Idriss, Dokka ou Nicolae que nos associations tarnaises et nationales accompagnent, mais promis, juré, nous continuerons à être présents pour que la France applique ses engagements pour les Droits des humains, les Droits des enfants ….et puis nous suivons cette loi sur l’accompagnement des jeunes majeurs vulnérables vers l’autonomie qui va passer au Sénat.
Eric Vergniol, le 21 mai 2019
https://www.lacimade.org/jeunes-majeurs-vulnerables-proposition-loi-videe-substance/
1Lyès Louffok, ancien enfant placé est l’auteur du livre : Dans l’enfer des foyers chez Flammarion, et a participé, entre autres, à l’émission « Enfants placés : les sacrifiés de la République » le 16 janvier 2019